En 1979, Jonier Marin faisait une performance éclair d’une minute au Palazzo Grassi à Venise : « Grandi e piccole questioni ». Il y dessinait dans l’air des points d’interrogation avec le doigt. De nombreux acteurs du monde de l’art étaient présents dont Pierre Restany, Pontus Hulten, Flor Bex, Glusberg , Giancarlo Politi…

Par la suite, J. Marin, toujours fidèle à ce geste fondateur, a réalisé de nombreuses expositions et performances autour de ce signe.

En 1986, Raymond Hains, à l’occasion de l’exposition du Centre Pompidou « Qu’est ce que la sculpture moderne ? » présentait à la galerie Lara Vincy une exposition intitulée « Jonier Marin à Beaubourg ? »; il jouait sur l’interrogation logo de l’exposition et reconstituait dans la galerie des vues des salles du Centre Pompidou dont il attribuait la signature à Jonier Marin.

Dans cette même perspective, J. M. présente « Stockage », une nouvelle série de peintures sur toile faisant allusion à la compression de données informatiques : disques durs, CD-Rom, clés USB, qui sont l’image d’un monde codé exigeant de nous une capacité de décryptage de plus en plus spécifique, permettant d’accéder au flux permanent des informations en circulation. Sa réflexion porte sur la compression de ces contenus imperceptibles que l’informaticien mesure en octets, Ko, Mo et Go, et qui représente aujourd’hui un aspect incontournable de nos espaces de travail et de nos agendas : tout est mémoire et sa conservation est pratiquement devenue immatérielle. Dans ces peintures, le point d’interrogation est traité comme motif de fond, où viennent s’intégrer des photos, des dessins, de la couleur et même des pages de ses carnets de voyage. En vitrine, sont présentés la plupart de ces carnets. Des boîtes porte-documents consignent également des toiles en diptyque montrant des taches/test Rorschach fluorescentes.